La Motrice
La Motrice : 9 m de long tout en carton. Crée pour musée des "Champs Libres" à Rennes en 2016 et "la cité des sciences et de l'industrie" à Paris 2019.
Le projet initial de « la Motrice » est née du souhait de Roland Thomas, directeur des Champs Libres, de marquer en son lieu, l’arrivée de la LGV (Ligne à Grande Vitesse) à Rennes.
créer une image percutante, une mise en scène autour d’un train et de son arrivée fracassante dans le hall, brisant murs et plafonds.
J’ai tout de suite apprécié la thématique. Le train est un objet du quotidien, une banalité pour des milliers d’usagers qui l’utilisent matin et soir, et en même temps, il conserve en lui-même une charge affective, émotionnelle, historique et imaginaire extrêmement riche. Je trouvais l’objet tout à fait propice à une mise en scène.
La deuxième motivation que je tirais du projet de Roland reposait sur l’idée du surgissement, le mur qui se déchire, et qui laisse passer, malgré lui et sous la contrainte d’une force phénoménale, un corps étranger.
Le mur est soutenu par une symbolique forte, simple et d’actualité. J’avais en tête le projet de mur du nouveau président des États-Unis, ceux plus anciens de la guerre froide et du conflit Israélo-palestinien. Les murs qui s’érigent entre les hommes, les séparent et les trient…
De fait je pouvais me réjouir de maltraiter un mur, de le détruire de le déformer jusqu’à le rendre fragile, de le déchirer pour faire émerger l’impossible, l’impensable, l’improbable.
L’arrêt sur image : un arrêt dans le temps.
Cette approche du mur qui cède amenait une autre idée excitante, un regard dynamique sur la situation à créer. il fallait que le spectateur ressente la puissance, l’inertie de la machine capable de pulvériser une telle surface. Comment rendre compte de la notion de vitesse, créer le mouvement à partir d’éléments statiques ?
J’avais envie de jouer avec le paradoxe de la vitesse et du temps, de travailler cette sensation qu’on éprouve lorsqu’on voyage dans un train. On y est immobile et en mouvement. Dehors le paysage défile à grande vitesse, alors que le voyageur patiente dans un temps ralenti, loin du rythme effréné du quotidien. Cette réflexion m’a amené à penser l’image dans un temps suspendu, une forme d’arrêt sur image qui me donnerait la possibilité de créer graphiquement une dynamique de l’instant, et restituer fidèlement la vitesse et l’action.
En outre, cet arrêt sur image m’offrait également l’opportunité de travailler les détails pour régaler l’œil scrutateur. En développant l’arrêt dans le temps je me suis rendu compte que je donnerais la possibilité au spectateur de se déplacer dans l’image, de se substituer à la caméra qui comme dans la mythologique scene du film « Matrix » tourne autour d’un personnage en plein ralenti.